Par Olivier Boulay, Président fondateur de VertO
L’Europe, longtemps considérée comme un leader dans la transition vers une économie circulaire, fait face à une crise sans précédent : l’effondrement de son secteur de recyclage des plastiques. En 2025, les chiffres sont alarmants : près d’un million de tonnes de capacité de recyclage ont disparu depuis 2023, et les fermetures d’usines se multiplient à un rythme effréné. Entre janvier et juillet 2025, la perte de capacité équivaut presque à celle de toute l’année 2024, et les prévisions pour la fin de l’année annoncent un triplement du nombre de fermetures par rapport à 2023. Les Pays-Bas, l’Allemagne et le Royaume-Uni, autrefois pionniers, sont aujourd’hui les plus touchés.
Les causes d’un déclin accéléré
Plusieurs facteurs expliquent cette situation critique :
- L’afflux de plastiques vierge et recyclés à bas prix en provenance de pays tiers, qui inonde le marché européen : En 2022, la Chine entre autres a ouvert de nouvelles capacités de production de plastiques vierge et a fait fortement baisser le prix résines.
- La baisse de la demande en matières recyclées, liée à la récession économique et à la préférence des industriels pour des solutions moins chères, mais moins durables.
- Les pressions économiques croissantes, notamment les coûts énergétiques élevés et les procédures administratives complexes, qui étouffent les recycleurs.
- L’absence de mécanismes de défense commerciale efficaces, laissant le secteur vulnérable face à la concurrence déloyale.
Un risque pour l’économie circulaire et les objectifs climatiques
Cette crise menace directement les engagements de l’UE en matière de transition écologique. La réduction des capacités de recyclage compromet non seulement la gestion des déchets plastiques, mais aussi la réalisation des objectifs climatiques fixés pour 2030 et 2050. Sans action immédiate, les progrès réalisés au cours de la dernière décennie pourraient être réduits à néant, avec des conséquences irréversibles pour l’environnement et l’innovation industrielle.
Des solutions urgentes à mettre en œuvre
Pour inverser cette tendance, plusieurs leviers peuvent être actionnés sans délai :
- Renforcer les mécanismes de défense commerciale : Instaurer des barrières douanières ciblées pour limiter les importations de plastiques recyclés à bas prix, et garantir une concurrence équitable.
- Simplifier, harmoniser et appliquer strictement la responsabilité élargie du producteur (REP) : Obliger les metteurs sur le marché à intégrer des matières recyclées dans leurs produits, et sanctionner les non-conformités.
- Permettre à l’administration Française d’être facilitatrice et de plus collaborer avec les recycleurs et porteurs de projet : Accélérer les démarches pour l’obtention et le renouvellement des autorisations, et réduire les coûts bureaucratiques qui pèsent sur les recycleurs.
- Faire en sorte que les industriels de rang un (grands groupes industriels) jouent le rôle de locomotive sur cet enjeu : engager les ressources R&D sur des projets mettant en avant l’utilisation de matière plastiques recyclée, communiquer et mettre en avant les résultats (économiques – environnementaux- techniques)
- Stimuler la demande en matières recyclées : Inciter les industriels à privilégier les matériaux recyclés locaux, via des subventions ou des avantages fiscaux.
Un appel à l’action collective
Chez VertO, nous accompagnons les industriels dans la valorisation de leurs déchets plastiques, en leur offrant une solution mobile et innovante pour transformer leurs rebuts en ressources réutilisables. Mais notre action, aussi efficace soit-elle, ne suffira pas à elle seule. Il est temps que les décideurs politiques, les industriels et les citoyens unissent leurs forces pour sauver un secteur essentiel à notre avenir commun.
L’Europe et la France ont les moyens de relever ce défi. Encore faut-il agir maintenant, avant que la vague de fermetures ne devienne un tsunami.
